
« L’avantage avec l’arsenic, c’est que les animaux n’ont jamais de puces. » Michel Bourgeat, 88 ans, garde un solide sens de l’humour malgré la mort qui rôde à la porte. Jaurès, son labrador noir, souffre surtout d’embonpoint. Ses quatre premiers chiens sont morts d’un cancer (testicules pour les mâles, mamelles pour les femelles). Ses deux ânesses ont succombé à une leucémie. Son épouse est décédée à la suite d’un cancer du sein et de la peau. Deux fois opéré pour la même maladie, lui traîne un « catalogue de cancers » : poumon, prostate, os. Rosie, son ancienne femme de ménage, a été emportée en septembre : le crabe encore. Campé sur sa canne, Michel Bourgeat attend l’ambulance qui doit l’emmener au centre hospitalier d’Alès (Gard) pour un scanner de contrôle, comme tous les mois : « Ils vont encore me trouver un nouveau cancer. »
De la terrasse panoramique de sa maison, à flanc de colline sur les hauteurs de Saint-Félix-de-Pallières (Gard), dans les Cévennes, l’octogénaire désigne le responsable. Il est tapi dans la forêt, tout autour de sa maison, caché dans un paysage de carte postale : une nature verdoyante et sauvage baignée de soleil, aux senteurs de thym, bercée par le doux tumulte de la rivière. Quand ils n’ont pas été arrachés par des habitants inquiets pour la valeur de leur patrimoine immobilier, quelques panneaux mettent en garde promeneurs et randonneurs : « Attention danger, environnement pollué. » Les écriteaux déconseillent plus ou moins strictement les pique-niques, les haltes repos, la baignade, la cueillette du thym et des champignons ou encore de jouer avec le sable.
Il vous reste 89.22% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.